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Un grain de folie et une imagination sans limite m'invitent à plonger dans le temps et l'espace à la rencontre de personnages historiques, mythiques ou légendaires afin de partager un moment de leur vie... Une histoire revisitée sans prétention dans un décor dressé sur une table pour deux. Invitation au rêve et à l'évasion. Ne craignez rien et suivez votre conteuse de tables!

Druide, Sorcier, fils d'un demon... Ma rencontre avec Merlin et l'épée maudite

 

Ce sont mes propres gémissements qui me sortirent de ce profond sommeil. Une douleur sourde et lancinante m'empêchait de bouger la main. Je me sentais trop faible pour même tenter d'ouvrir les yeux. Ma gorge était sèche, mon corps en nage, parcouru de frissons. Il me fallut rassembler toutes mes forces pour enfin bredouiller "J'ai soif"

Un homme, proche de moi, me répondit en humectant mes lèvres d'un linge trempé dans je ne sais quel breuvage amer qui me fit grimacer:

"Il vous  faudra pour l'heure vous contenter de cette décoction qui a su faire baisser la fièvre et vous sortir de votre torpeur. Je vous ai veillée douze nuits durant et suis soulagé de vous voir enfin revenue à la vie."

Je ne reconnaissais pas cette voix et en entrouvrant à peine les yeux, je n'aperçus que la haute silhouette d'un inconnu dans une pièce froide et sombre éclairée ça et là de torches et de chandelles.

"Où sommes nous?" murmurai je, la gorge en feu.

"Nous sommes à Tintagel dans le château du roi Uther de Cornouailles et plus précisément dans la tour est qui me sert à la fois de lieu de vie et de laboratoire.

 

 

 

 

 

J'ai allumé un feu, nous allons regarder vos blessures. La médecine n'est pas ma matière de prédilection mais j'ai usé des recettes de potions et onguents trouvés dans mes livres pour éviter que le poison ne s'insinue d'avantage dans vos veines, vous gardant ainsi d'une mort certaine."

Ces paroles me glacèrent le sang. L'homme prit ma main, déroula le bandage et de ses dents arracha le bouchon d'une gourde dont il avala une longue rasade avant de continuer!

" On a encore rien trouvé de tel pour nettoyer une plaie!" Il versa le liquide dans la paume de ma main et la douleur fut si vive que je pense m'être évanouie à nouveau. A mon réveil, je pus découvrir les traits de mon prétendu sauveur, il avait pansé mes blessures et psalmodiait à mon chevet dans une langue totalement inconnue.

Observant sans discrétion les traits de mon hôte, j'osais enfin lui poser la question qui me brûlait les lèvres:

"Mais qui donc êtes vous?

- Je me nomme Merlin et suis présentement le conseiller du roi Uther."

Ces mots me firent sursauter et me donnèrent la force de m'asseoir.

" Merlin? Pas l'enchanteur?

- Si fait! Je trouve ce mot très seyant dans votre bouche. On me qualifie bien souvent de druide, de sorcier ou de fils du Démon mais personne n'avait encore prononcé ce mot que je trouve très prometteur."

Il m'offrit un large sourire et promena sur moi un regard lubrique qui me força à  détourner le visage et à remonter sur moi les lourdes couvertures cousues de peaux et de fourrures. Le voir s'allonger sur une couche voisine et boire à même le goulot dans une nouvelle outre et ce jusqu'à l'ivresse, me rassura. Il sombra bientôt dans un profond sommeil et je pus bientôt me laisser aller peu ou prou au repos.

Il me fallut encore quelques jours pour réussir à quitter ma couche et m'asseoir à la table de Merlin.

Chaque jour il quittait le château et revenait à la nuit tombée pour me prodiguer les meilleurs soins. Ce soir, la faim et la curiosité me tenaillant, j'acceptai volontiers de rejoindre Merlin et de partager son repas. Il nous fallait avoir une conversation et je le sentais prêt à répondre à mes interrogations. 

Il commença par nous verser du vin et s'installa près de moi.

C'est lui qui prit le premier la parole.

" Que vouliez vous faire de l'épée?

- De l'épée? De quelle épée me parlez vous? D'Excalibur?

- Non! Répondit il froidement. Excalibur n'apparaitra que bien plus tard dans cette histoire. Ne vous étonnez pas de mes dires. Né de l'union d'une vierge et pour simplifier les choses, d'un démon, je suis né doté de pouvoirs et j'ai aussi beaucoup étudié. Je peux deviner l'avenir, lire dans les astres, reconnaître les signes, voyager dans le temps, me métamorphoser et bien d'autres choses que vous ne sauriez imaginer... Il est impérieux que vous répondiez à ma question. Que vouliez vous faire de cette épée?"

De quoi me parlait il, je n'avais aucun souvenir d'une quelconque épée à part celle de la légende. Le regard de Merlin me pénétra jusqu'à l'âme et les souvenirs me revinrent. 

Il faisait nuit, j'étais seule dans le froid lorsqu'une voix s'immisçant dans mon esprit dans une langue inconnue m'appela. Je ne comprenais pas les mots mais sus d'instinct qu'il me fallait la suivre, j'avançais ainsi confiante à travers l'obscurité jusqu'à ce qu'elle m' apparaisse. L'épée posée sur une souche émettait une lumière étrange et des signes que je ne pouvais déchiffrer apparurent sur sa lame.

La voix dans mon esprit m'invitait à l'empoigner; ce que je fis sans hésiter. La douleur fut fulgurante comme l'éclair qui s'échappa du pommeau. Et ce fut le trou noir...

Merlin reçut ces informations sans que j'eus à les prononcer. Il secoua la tête et garda le silence puis soupira profondément avant de reprendre la tête entre les mains. 

" Il y a bien longtemps, cette même épée me choisit. Je ressentis son appel mais contrairement à vous il n'y eu aucune douleur lorsque je l'empoignai. 

Je pourrais d'ailleurs parler de connexion entre elle et moi, comme un échange de fluide ou d'énergie. Plus le temps passait et plus mes pouvoirs se décuplaient, l'épée me rendait invincible depuis qu'elle m'appartenait! Erreur fatale de discernement... que dis je , mon esprit n'était plus libre de mes pensées ou de mes actes. L'épée était maitresse de chacune de mes décisions, elle n'était pas mienne comme je me le figurais... nooonnn, j'appartenais à l'épée, pire plus le temps passait plus elle se nourrissait de moi en m'insufflant sa force. Lorsque dans mes rares moments de lucidité je tentais de me libérer de son joug, elle s'enracinait plus profondément en moi , me laissant pour un temps aux limites de la folie ou de la mort car seule cette dernière issue aurait pu me libérer de cette aliénation;"

Je n'osai l'interrompre tant le moment était intense. Merlin avala une autre gorgée et reprit son récit.

" Le destin voulut que je m'effondra devant un sanctuaire païen. Sa gardienne, née du peuple faë de la lignée des Célestins me trouva mourant et décida, alors que j'implorais la mort de me prendre, de me venir en aide. Mi sorcière, mi guérisseuse, elle réussit à arracher l'épée qui s'était tel un parasite, insinué dans mon corps. A ce jour, si je n'avais cette cicatrice je croirais avoir été victime d'horribles et atrocement douloureuses hallucinations.

Après s'être débarrassée de l'épée, cette femme réussit à forces de médecines, de patience et d'amour à me désaccoutumer du pouvoir de cette lame qu'elle nommait "la dent du diable".

J'étais délivré de cette aliénation mais j'y avais perdu une grande partie de mes pouvoirs. Le temps passa. Lassée de mes colères , cette femme que j'aimais autant que la détestais pour m'avoir arracher ma force, me chassa. J'errais alors perdu et vulnérable à travers deux mondes à la recherche de la sagesse ancestrale et de mes pouvoirs. Tantôt conseiller des rois chrétiens, tantôt ermite regagnant l'ancien monde et ses traditions pour me ressourcer auprès de mère nature. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La perte de mes pouvoirs m'avait laissé aigri et je ne trouvais de réconfort que dans l'alcool ou le lit des femmes. Et puis j'eu connaissance de nouvelles forces, j'étudiais longuement la puissance des éclairs et m'apprêtais à expérimenter mes découvertes... Servez moi à boire si vous voulez connaître le dénouement!"

​​​​​​​Je m'exécutai sur le champs tant j'étais excitée à l'idée de connaitre la suite et pourtant une question me taraudait. J'évitai cependant de l'interrompre. Il reprit le regard sombre.

"J'avais pris la décision d'apprivoiser  les foudres du ciel, persuadé qu'elles redonneraient puissance à mes pouvoirs. Je préparais alors une expérience des plus dangereuses en plaçant à l'extérieur des pieux métalliques destinés à capturer les éclairs.

Un soir, alors que le tonnerre grondait et que la pluie tombait, je pris place sur les traverses de métal et attendis le miracle.

 

Tout alla très vite, la foudre frappa les pieux, la boule de feu, telle le souffle d'un dragon me percuta d'une force inimaginable et je fus projeté en flammes au centre du pentagramme.

 

Je hurlais de douleur et surtout de terreur lorsque je ressentis la brulure de l'épée parcourant mon corps. 

 

 

La voix, celle là même qui vous a hypnotisée résonnait dans ma tête. Je crus devenir fou. Cela dura longtemps avant qu'enfin je perde connaissance.

"Sorti de ma torpeur, je sus de suite que quelqu'un avait trouvé la dent du diable mais j'étais bien trop affaibli pour partir à sa recherche. J'envoyais donc mes corbeaux parcourir les alentours en quête du moindre signe. 

A l'issue de trois nycthémères, j'eus, à travers leurs yeux, la vision précise de l'endroit où se trouvait l'épée et je découvris votre corps inerte; votre main, toujours agrippée à sa poignée, saignait abondement. J'avais recouvré assez de force pour aller vous secourir mais je craignais plus que tout de me retrouver en  présence de l'arme maudite.

Je partis  pourtant aussitôt à votre rencontre, une sensation étrange me parcourait le corps mais il me fallut encore un moment avant de réaliser que mes pouvoirs m'avaient été restitués. 

 

 

- C'est bien ce que vous recherchiez en vous lançant dans cette expérimentation, non?

- Si fait mais je n'avais pas imaginé que cela me ramènerait à l'épée... rappelez vous l'éclair qui s'échappa du pommeau lorsque vous l'empoignâtes. Serait ce ce même éclair qui vint me foudroyer lors de cette expérience irraisonnée? Cela viendrait à admettre que l'épée connaissait mes projets et qu'elle vous a utilisé pour me ramener à elle!!! Cela dépasse l'entendement...et pourtant?

- Où est l'épée actuellement, Merlin?

- Il est préférable que vous n'en sachiez rien!

- J'aimerais juste la regarder, en garder l'image

- Jamais!!!!! Hurla Merlin, vous ignorez sa perfidie , un seul regard sur elle vous mettrait en danger. Lorsque je vous ai trouvée j'ai peiné à vous séparer, votre main et sa poignée semblaient fusionner. Enfin libérée, je l'ai enroulée dans mon manteau afin qu'à aucun moment ma peau ou la votre n'entre en contact avec elle.

 

- Allez vous l'utiliser pour accroitre votre puissance?

- Que les dieux me tiennent éloigné de cette tentation!! La dent du diable a été forgée dans le feu Faë et seul ce feu pourra la détruire et j'ai la conviction d'être moi; Merlin, le seul  à pouvoir mener ce dessein à bien."

Une douce chaleur me parcourut le corps et je fus soudain irrésistiblement attirée par le mage, par sa bouche, ses mains, sa peau, son corps. Il le ressentit et s'approcha de moi, ses yeux habités d'un désir ardent, ses mains agrippèrent mes cheveux, sa bouche prit la mienne ... mais il se ressaisit et recula le souffle court.

" Je n'ai jamais su résister aux désirs d'une femme et l'avenir prouvera que c'est cette faiblesse qui me mènera à ma perte mais cette fois , au moins cette fois je ne serai pas celui par qui le mal arrive. Ce n'est pas moi qui vous attire mais l'idée de reprendre l'épée qui pourtant à bien failli vous occire. Le rôle que j'aurai à jouer dans votre vie n'est pas celui d'un amant même si... Le lien qui nous unira est toute autre. Rentrez chez vous , rejoignez votre époque... oui, je sais cela aussi. Un jour quand le besoin s'en fera sentir, vous réclamerez mon aide. Il vous suffira alors de prononcer mon nom et je serai là pour vous. Je serai votre guide, votre mentor ...

- Mais Merlin...

- Fuyez, avant que ma volonté  faiblisse et que je vous attire à moi. J'ai un devoir à remplir qui va me demander toutes mes facultés. Délivrer ce monde de l'épée maudite n'est pas une mince affaire.  Soyez forte, repartez à votre réalité et vous verrez qu'un jour sans même vous rendre compte, quand vous douterez ou craindrez; vous prononcerez mon nom."

 

MERLIN

 

 

 

 

 

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S
Ben j'adore toujours ce que tu fais, ça ne change pas
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