Game of thrones. Maison Tyrell, Hauts jardins. Growing strong. épisode 5

"Quelque chose me dit que la route va être longue en compagnie de la donzelle...

- As tu une idée de là où tu vas la mener? 

- En un lieu fort plaisant que vous m'avez promis faire mien à l'issue des conflits.

- Le choix me parait judicieux, elle devrait s'y plaire et il y a peu de chances que l'on vienne vous  y débusquer.  

- Nous? Que les choses soit claires, j'assure la livraison, rien de plus!"

Je sais que pour Jaime Lannister, assurer ma protection n'est pas une priorité et qu'il se méfie de moi comme de la peste. Qui peut bien être cette femme, arrivée de nulle part ou d'un lieu inconnu de toute carte, suspectée de trahison envers le trône de fer, mettant ainsi en danger la soif de pouvoir de Cersei, épouse du roi mais surtout sœur et amante du régicide. Je sens bien que sur ses ordres, Bronn mercenaire à la solde des Lannister qui se doit de m'escorter, n'hésitera pas, au moindre faux pas de ma part, à utiliser son arbalète pour me tirer une flèche en plein cœur.

Dix jours, il nous a fallu dix jours de cheval pour enfin arriver au pied de la colline au sommet de laquelle se dresse un château verdoyant, ne ressemblant en rien aux endroits froids et lugubres que j'ai visité jusqu'alors. Dix jours à souffrir de tout mon corps, à manquer de sommeil, à subir la compagnie d'un odieux personnage, incapable de la moindre empathie, misogyne, gougeât, irrévérencieux et sans éducation aucune. Un rustre aimant se vautrer dans la bière et la luxure, rotant, crachant et je vous évite le pire. Puisant toute sa fierté dans le fait de provoquer mon dégoût… cumulant à lui seul tout ce que les hommes peuvent avoir de défauts , allant presque jusqu'à m'enlever toute envie de moments intimes avec une personne de la gente masculine… Là, je divague en fait je voyage avec une caricature!

Alors, pour que le trajet me semble moins long, je me suis mise à conter des histoires inédites (pas sorties de livres) laissant juste voguer mon imagination. Au début il m'a fait taire de manière peu courtoise avec des "ferme là où je te bâillonne" ou me menaçant de me priver d'eau pour m'assécher la gorge et puis peu à peu il s'est contenté de soupirer et puis ne dit plus mot. J'ai même pensé parfois qu'il m'écoutait.  Lors d'une pause dans une modeste auberge, il a partagé avec moi une pleine cruche de bière que j'ai bu sans minauder. Je crois avoir vu alors une lueur d'amusement dans son regard alors qu'il m'affublait d'un "Drôle de bonne femme, la bougresse"!

Nous voici donc, au pied de la colline menant à Hauts jardins, magnifique site appartenant à la maison Tyrell dont le symbole est une rose d'or. La maitresse des lieux n'est actuellement pas présente, appelée en hâte avec sa progéniture auprès du Haut roi. Nous sommes cependant autorisés à y faire halte et à y prendre tout le repos nécessaire. Je pourrais retrouver ici toute ma plénitude tant l'endroit est propice au calme et à la rêverie , un véritable havre de paix surmontant le reste du monde. Oui j'aurais pu être heureuse sans ce Bronn toujours entre le vert et le sec, féru de chansons paillardes et de récits peu catholiques racontant ses exploits sanglants de guerre ou se ventant d'avoir donné du plaisir aux femmes terrorisées de ses ennemis… Je ne trouve pas de mots pour décrire mon dégout.

Je ne sais si ce sont les parfums délicats de ces jardins, le chant enchanteur des oiseaux ou...ma présence qui font que jour après jour, cet homme indélicat et blasphémateur se met à parler dans un langage plus châtier, à soigner son apparence, allant semble t il jusqu'à prendre un bain. Les récits qu'il me fait de ses guerres laissent même à découvrir un homme capable de pitié, de doute et de sensibilité. Partager les repas et les promenades dans les somptueux jardins deviennent si ce n'est des moments complices , au moins plaisants et de plus en plus attendus. Bien sûr il se moquent de mes expressions inusitées à cette époque ou de ma peur de descendre un chemin pentu mais quelque chose de léger et de bienveillant prend place entre nous. N'est il pas devenu mon chevalier servant...d'un autre genre je vous l'accorde. Plus proche de Shrek que du prince charmant! Peut être que l'aventure serait bien insipide auprès du prince charmant! 

Alors Bronn se met peu à peu à apprécier les fruits sucrés et les vins délicats. J'aime à mordre dans la viande à peine cuite d'un gibier chassé de ses mains. Il écoute mes contes à la clarté de la lune et je reprends en cœur le refrain de chansons que je pensais ne jamais oser chanter. Un brin de complicité? Je vous laisse apprécier.

Mais bientôt un corbeau arrive pour rappeler Bronn auprès des Lannister, la menace gronde dans les sept royaumes, il est temps pour mon garde du corps de reprendre la route. Oui cette nouvelle m'attriste , vraiment. Et le jour du départ arrive trop vite, les jardins vont perdre de leur attrait sans sa joie de vivre et son naturel… Oh ben Catherine...

"Bronn, malgré nos différents, je tiens à vous remercier de m'avoir escortée en ce lieu magnifique. Voyager avec vous m'a été moins pénible que je me l'imaginais et je dois bien admettre que vous êtes loin d'être le rustre que vous voulez laisser paraître. Je vous souhaite bonne route et surtout, prenez soin de vous!"

Un sourire presque timide éclaire alors son visage pour me dire:

" Vous aussi" avant de tourner les talons.

Il monte prestement sur son cheval et m'adresse une dernière phrase comme un clin d'oeil avant de partir au galop

"Vous escorter fut un honneur dame Catherine,  nous nous reverrons soyez sans crainte."

Puis après que son cheval se soit avancé sur le chemin rocailleux, il me crie sans se retourner. "Après cette guerre, je ne me contenterai pas de Hauts Jardins, je vais de ce pas demander à  Jaime Lannister de faire de vous ma compagne!!"

Baissant le mouchoir que j'agite en guise d'adieu, le bras m'en tombant , je m'interroge:

"Non mais il est sérieux là?"